Paul Sika est un jeune ivoirien, simple, toujours souriant, qui communique d’une manière spéciale à travers son Art. Il souhaite toucher, transformer le maximum de personnes en utilisant ce qui sort du plus profond de son cœur. Quelqu’un a dit un jour qu’il fallait créer sa propre légende ! Je pense que cette talentueuse personne, qui fait non pas de la photographie simple mais du « Photomaking » est en train de créer la sienne et de la meilleure des façons.
« NOTRE » HISTOIRE
J’ai découvert en Février 2013, la page Audacious Artist sur facebook grâce à Yehni Djidji, une blogueuse ivoirienne, que je vous présenterai aussi. Sur cette page, j’ai vu une très belle image. Je me demandais: qui a fait cette image ?, comment la personne a pu imaginer une telle chose ?
Le mois suivant, le jour du lancement (1er Mars 2013) du blog de l’Abidjanaise, le premier article nous faisait découvrir cette image. C’est « Dandelia » de Paul Sika. J’ai lu l’article (très bien rédigé au passage) et j’étais à cet instant encore plus surprise. Je me suis donc mise à faire des recherches sur l’auteur. Et j’ai vraiment aimé tout ce qui était écrit sur lui.
Après, le vendredi 12 Avril 2013, j’ai accompagné un ami à la Galerie Cécile Fakhoury où il y avait une exposition. Et là, belle surprise ! Paul Sika s’y trouvait. J’étais trop contente de le voir !

L’INTERVIEW
1- Que peut nous dire Paul Sika sur lui (en levant un peu le voile sur son enfance en Côte d’Ivoire) en guise de présentation, qu’on ne trouvera pas dans les nombreuses interviews auxquelles il a déjà été soumis ?
Quand j’étais enfant je jouais beaucoup aux jeux-vidéos, les jeux de combats… (Mais ça je pense qu’on le sait déjà, Rires). J’aimais jouer et gagner loyalement, mais pas en utilisant des tactiques bizarres. Avec les amis, on aimait se retrouver pour passer du temps à jouer. Je jouais aussi au football et j’apprenais à travers le dessin-animé « L’école des champions », j’essayais d’imiter Benjamin et les autres (le tir de l’aigle, le tir du feu…). J’étais bon en plus et je devenais plus fort en m’imaginant être Benjamin, en essayant de copier l’excellence, avec les amis on devenait excellant nous-mêmes dans ce domaine. (Imagine donc un peu l’effet qu’un bon dessin-animé peut avoir sur des personnes…)
Même aujourd’hui j’aime beaucoup jouer, je joue énormément. Mais je m’interdis de jouer tant que je n’ai pas fini de faire mon travail fixé. Et si je me mets à jouer quand je dois travailler, je me sens mal à l’aise, et le jeu devient même autre chose qu’un moment de plaisir, de joie.
2- Grand élève ingénieur en informatique, jeune étudiant encore en Angleterre entre 2003 et 2007, qu’est ce qui a déclenché cette envie à cette période de faire le métier de photographe ?
C’est parti indirectement en fait. J’ai vu une bande-annonce du film « Matrix Reloaded » dans une vitrine qui a révélé et cristallisé pratiquement sur le moment l’envie de faire du cinéma. Puisque j’étais en informatique et que je ne voulais pas arrêter les études tout de suite pour faire le cinéma, je me suis appuyé sur une idée. En anglais (et il est plus facile de le concevoir dans cette langue) on dit « the photography is the unit of the moving picture », en français cela se traduit par « la photographie est l’unité de l’image qui bouge (le film en fait)». Alors je me suis mis à apprendre la photo en attendant de finir les études en informatique, pour pouvoir rentrer dans une école de cinéma. Et nous voilà aujourd’hui, on n’est toujours pas rentré à l’école de cinéma (Rires).
On a découvert que le médium est très large, très important, qu’il ouvre des portes, des dimensions de la création que je n’avais pas entrevues, auxquelles je ne m’attendais pas vraiment et que je continue d’explorer toujours en photographie. Et je ne compte pas arrêter parce que j’ai découvert un médium qui me sied. J’aime la rapidité avec laquelle je peux voir une image, le rendu, la vitesse avec laquelle c’est réalisé, j’aime le feed-back presqu’immédiat qu’on a avec la technologie numérique. Et çcela me permet de geler à vie une idée que j’ai et sur laquelle je peux éventuellement reposer mes yeux pour d’autres choses.
3- Tu décides de devenir photographe malgré les brillantes études que tu as faites dans le domaine du génie informatique. Tes proches (parents et amis) vont-ils te soutenir dans tes choix?
L’Art fait parti généralement des derniers choix de carrière. Et avec notre environnement culturel qui à première vue (je dis bien à première vue) ne s’y prête pas, choisir la photographie, choisir l’art c’est un choc pour les proches. Ils se demandaient : Mais qu’est ce qui se passe ? Est-il tombé sur la tête à Londres ? (Rires).
Le plus important, ce n’est pas ce qu’on pense de vous, mais plutôt ce que vous pensez de vous-même. Parce que ce que vous pensez de vous-même définira en fait votre trajet et votre destination. Quand vous y arriverez ou quand vous serez en train d’y arriver ou quand vous arriverez à des étapes qui sont très importantes, les autres le verront. Et donc, tout ce qui était doute, se transformera en semi-croyance. Et plus vous avancerez et plus ils croiront. Et en-même temps, tout cela vous forge, parce qu’il faut savoir faire des choix.
4- Tes photographies sont très particulières ! En les regardant on se pose plusieurs questions sur ton inspiration. Quelles sont donc tes sources d’inspiration ?
Je vais donner une réponse imagée, dit-il. (C’est une conversation entre les nuages et Paul)
Paul prend le téléphone, et appelle les nuages. Ça sonne, puis on décroche:
Paul : j’ai besoin d’idées.
Les Nuages : OK, on te rappellera, reste à côté du téléphone.
Paul reste donc à côté du téléphone jusqu’à ce qu’il sonne. Et lorsque ça sonne, il décroche et,
Les Nuages : As-tu un papier pour noter ?
Paul : Non
Les Nuages : Pour une fois, va noter pour ne pas oublier, parce qu’on te connait.
Paul prend des feuilles, un stylo. Il écoute et note tout.
Paul demande : C’est fini ?
Les Nuages : Oh oui, tu en as assez pour l’instant, pour ce que tu veux faire.
Paul : Ah bon ?!
Les Nuages : Oui oui oui, on a vu en avance !
Paul : ok merci merci
Les Nuages : Oui oui, le tout n’est pas de dire merci, mais utilises bien les idées, ok ?
Paul : d’accord !
Paul raccroche et se met à développer tout ce que les nuages ont dit !

5- Comme tu aimes le dire, tu ne fais pas de la photographie mais du « Photomaking ». C’est tout un processus ! Peux-tu nous expliquer les étapes de création d’une oeuvre?
Après avoir contacté les nuages, je suis, dans une certaine mesure, les étapes du cinéma. Donc il y a une étape d’écriture, ensuite la présentation de l’idée, du script, à ceux avec qui je veux bosser, cela signifie qu’on est déjà passé par une étape de casting des personnes avec qui on veut travailler. Après on fait des répétitions s’il le faut parce qu’il faut bien faire. Après on a la photographie principale et enfin la post-production où se situe l’étape de peinture numérique. On ne peut pas dissocier mon travail de ces deux facettes qui sont la photographie et de la peinture numérique, tout cela dans un processus très cinématique. Donc Photomaking, la mise en commun entre la photographie et le film-making.
6- La fin de vie triste de certains artistes ivoiriens (comédiens, musiciens, chanteurs…) nous a ouverts les yeux sur la réalité des difficultés financières que rencontrent un artiste en Côte d’Ivoire. Paul Sika peut-il nous dire si on peut facilement gagner sa vie dans ce métier de photographe ou plutôt dirais-je de « Photomaker »?
Oh oui, tranquille ! Il faut juste retenir que ce qu’on fait n’est pas sans effort, mais ce n’est pas impossible.
7- Beaucoup de jeunes désirent suivre la même voie que toi ! C’est-à-dire vivre leur passion, s’exprimer à travers l’art. Cependant ils manquent cruellement d’audace et sont très souvent découragés par leur famille. Quels mots peux-tu leur dire pour qu’ils fassent le pas ?
Il n’y a pas de vie sans obstacles, sans difficultés. Et les plus grandes choses dans la vie, les plus grands trésors, sont trouvés après de très grandes difficultés à l’image même du trésor. Plus grand est le trésor, et plus grandes seront les difficultés. Cependant, il n’y a aucune difficulté que l’humain ne puisse pas surpasser. Et il faut garder cela en tête. Il est important de savoir dans quel environnement on vit. J’entends par environnement, le milieu sociobiologique dans lequel on vit, l’humain à l’état pur. Il est important de savoir que nos challenges dès la naissance sont déjà prêts, déjà présents. Il faut les « OVERCOME », les dépasser, les surpasser. Car c’est bien au travers de ces difficultés que nous nous construisons vraiment. A la fin, après avoir traversé tout cela, après être arrivé à la destination, on saura qu’on a vraiment accompli notre vie.
Il y a plusieurs raisons pour aller dans cette direction (vivre son rêve). L’une des raisons c’est qu’au soir de sa vie, il est important de ne pas regretter. Car lorsqu’on aura eu 40années, 50années de chances, d’opportunités pour faire ce qu’on était censé de faire, et qu’on ne l’aura pas fait, je ne sais pas dans quel état on sera, et je n’ai même pas envie de le savoir.
Et je profite pour dire que je crois que c’est un mythe de dire ou de penser que l’artiste est connu et reconnu après sa mort. Désolé, mais je ne m’inscris pas dans cette manière de penser ! Le trésor je le trouverai de mon vivant et j’en laisserai pour les autres. Cette histoire d’attendre d’être vieux ou de mourir avant d’être reconnu, je ne m’inscris pas dans ce genre de légende. Je préfère les légendes urbaines et contemporaines telles que STEVEN SPIELBERG, PETER JACKSON, ok ! Je préfère ça, car pas besoin d’être décoré après la mort. La meilleure des décorations je pense qu’elle se fera dans une certaine mesure. Ce sera l’acceptation, la bonne réception dans les cœurs de ce qu’on aura fait lors de notre vivant. Je pense que c’est une plus grande signature, de participer, de contribuer à la vie des autres au travers de ce que nous faisons. C’est une plus grande trace laissée, que d’avoir un bel article lorsqu’on est décédé dans les journaux.
Et moi, voici mes critères d’évaluation. Quel bien est-ce que mon art aura apporté dans la vie d’Aamlorie, dans la vie des gens de mon quartier, dans le monde ? Je veux bien savoir !

Ce n’est pas un concours de popularité, mais mon souhait c’est de transformer la vie des gens, avec ce que j’ai et je sais que cela a déjà commencé. Un exemple, une jeune dame française est venue à la Galerie Cécile Fakhoury où j’ai exposé « l’Appel de Lilian » et après une visite guidée que je lui ai donnée comme je l’ai fait pour de nombreuses personnes, elle m’a envoyé un message à son arrivée en France pour me dire : « Paul, merci de m’avoir introduit à ce monde, à ton univers, je l’ai vraiment aimé. Je veux te dire que cette rencontre a répondu à de nombreuses questions existentielles que j’avais. » Donc voici une jeune dame qui vient dans une galerie pour voir des œuvres mais qui repart de là avec une vie allégée. Tu vois, c’est cela que j’appelle l’ART. Et je veux mieux faire parce que je sais qu’on peut mieux faire.
Mes critères d’évaluation sont différents, ma vision est différente, je suis un rêveur, je le sais mais un rêveur joyeux. Les rêves nous ont été donnés, ont été confiés je dirai pour être réalisés ! C’est notre choix et même nous ne pourrons pas nous plaindre si nous ne l’avons pas fait. Il faut donc le faire maintenant ! Les obstacles on en rencontre tous, il en y aura toujours et beaucoup. Si ce ne sont pas les parents qui ne comprennent pas vraiment ce que nous sommes en train de faire, c’est peut-être le « voisin » qui nous fatigue, ou le professeur à l’école qui essaie de nous diminuer, qui nous dit qu’on n’est pas intelligent, ou le collègue, le patron qui essaye de nous mettre les bâtons dans les roues, qui essaye de nous frustrer, de nous rabaisser. La négativité autour de nous doit être canalisée à l’extérieur de nous, et cela demande qu’on construise notre mental. Le plus important, c’est de grandir en tant qu’être humain.
J’invite tous ceux qui ont des inhibitions, quelles qu’elles soient, d’entamer la marche, d’aller à l’aventure. Parce que c’est là-bas en fait que nous serons vraiment heureux, A quoi bon être celui qui n’a jamais entamé ce voyage? Qui est toujours en train de voir de loin ? Non, il faut y aller, il faut y arriver. Tout comme nos ADN sont uniques, nous avons en chacun de nous des rêves en réalité très uniques. Et donc, mon rêve n’est pas celui de mon voisin et vice-versa. Nous sommes dans un grand contexte que nous partageons, mais nous suivons des chemins différents tous placés dans une même grande voie. Il faut donc réaliser son rêve. Il ne faut pas avoir peur !

Le mot de conclusion :
La première chose qui me vient à cet instant : L’avenir ne nous appartient pas, mais l’avenir nous a été proposé. Et il faut « TAKE ACTION » !
REFERENCE SUR INTERNET
Retrouvez Paul Sika sur :
Site personnel : www.paulsika.com
Page facebook : Paul Sika, Page Officielle
Twitter : @paulsika
Google+ : Paul Sika
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great article.
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Merci Tanya 🙂
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au delà du faite d’avoir parler de ton art, Paul sika tu nous a envoyé un grand message. Merci beaucoup
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